Discours du Vice-président du CID et
Président de l'amicale nationale allemande de Dachau, Dr. Max Mannheimer
"Nous sommes tous invités. Personne ne peut plus dire aujourd'hui – comme autrefois – qu'il ne savait rien ou que cela ne le concerne pas. La responsabilité pour une société humaine nous concerne tous."
Prononcé au crématoire À l'occasion du 68ème anniversaire de la libération 5 Mai 2013
Discours du Vice-président du CID et
Président de l'amicale nationale allemande de Dachau, Dr. Max Mannheimer.
Mesdames, Messieurs,
Au nom du Comité International de Dachau et de l'Amicale allemande de Dachau, j'aimerais vous saluer cordialement. Je salue Monsieur le secrétaire d'État Bernd Sibler qui représente le gouvernement de l'État de Bavière, Mesdames et Messieurs des représentations diplomatiques, des communes et du district régional, des communautés religieuses, des partis et organisations, les camarades, et tout particulièrement les survivants des différents pays.
L'année 2013 comporte beaucoup de journées du souvenir. Aucune dont on aimerait vraiment se souvenir : 80ème anniversaire de la prise du pouvoir, l'incendie du Reichstag, l'autodafé de livres, le 75ème anniversaire de la nuit de pogromes, le 70ème anniversaire de l'insurrection du ghetto de Varsovie et de son écrasement. Et voilà 80 ans, le 22 mars 1933, le premier camp de concentration des nazis ouvrait ses portes ici à Dachau. Dès les premiers jours, certains détenus ont été torturés et assassinés. Cependant les actes de violences et les crimes restèrent impunis et les prisonniers à la merci de l'arbitraire.
Ce fut le début d'une évolution au cours de laquelle plus de 200.000 personnes originaires de toute l'Europe ont été privées de liberté, torturées et exploitées au camp de Dachau et dans ses camps extérieurs. Le système criminel du régime nazi a provoqué la mort d'environ 41.500 personnes rien que durant les douze années d'existence de Dachau et de ses camps extérieures. Nous ne devons jamais les oublier.
C'est malheureusement ainsi : nous ne jetons pas un regard rétrospectif sur le passé pour nous souvenir des crimes et de l'injustice, mais les médias nous y confrontent presque chaque jour aujourd'hui encore. Il est dramatique qu'un petit groupe de néonazis aient pu perpétrer pendant des années des meurtres et des attentats sans être démasqués ni inquiétés par les autorités chargées de la sécurité. 80 ans après la prise de pouvoir par Hitler, les événements actuels en Allemagne montrent que l'idéologie nazie reste toujours une source pour les idées d'extrême-droite, la violence et le mépris du genre humain. C'est pour moi incompréhensible que le NPD dont l'objectif est d'instaurer un état selon le modèle hitlérien, ne soit toujours pas interdit. J'appelle le gouvernement fédéral à créer les conditions pour que la défaite devant la Cour constitutionnelle fédérale ne se renouvelle pas. En continuant à exister, le NPD reçoit pour chaque voix un certain montant, et le contribuable finance ainsi une organisation qui participe activement à saper la démocratie.
Les interdictions et les arrestations sont certes nécessaires mais elles n'arrivent cependant pas à avoir prise sur ces idéologies absolument malsaines. On constate que même au sein des prisons on ne peut mettre un terme à ce réseau brun.
Nous ne devons pas laisser aux hommes politiques le soin de s'attaquer aux slogans de la droite, d'agir contre les provocations et défilés, de prendre des mesures contre la violence et la terreur. Nous sommes tous invités. Personne ne peut plus dire aujourd'hui – comme autrefois – qu'il ne savait rien ou que cela ne le concerne pas. La responsabilité pour une société humaine nous concerne tous.
La question ne nous sera pas épargnée : Que pouvons-nous ou que devons-nous faire afin d'inverser les idées destructrices d'une jeunesse manipulée et manipulable ?
Je ne le sais pas non plus.
Les rangs des survivants se sont fortement éclaircis. Et cela rend encore plus importante et significative la mémoire que nous sauvegardons ces jours-ci et la mise en garde pour la défense et la sauvegarde actives de la liberté et de l'état de droit.
Je vous remercie.